Mangez 5 fruits et légumes, ne mangez pas gras, éliminez le sucre, mangez des graines, ne mangez pas d’aliments industriels, mangez bio, attention aux pesticides, mangez des céréales non raffinées, ne sautez pas le petit-déjeuner, ne mangez pas trop le soir, l’huile de palme est toxique, le chocolat noir est meilleur pour la santé…

Vous avez déjà entendu ou lu tous ces « conseils » et vous êtes perdu(e) ? Eh bien vous n’êtes pas la/le seul(e) !

Ces dernières années j’ai vu une explosion du nombre de gens (patients ou dans mon entourage) complètement perdus face aux recommandations diverses et variées. Non seulement parce que parfois contradictoires, mais aussi parce qu’elles changent dans le temps. D’autant que certaines sont carrément anxiogènes !

Extraits choisis dans un article (magazine en ligne dédié à la santé en général) :

Il y a de quoi s’y perdre…

  • D’une part on nous dit que les poissons gras ont des vertus grâce à leur qualités nutritionnelles et on nous recommande d’en manger au moins 1x/semaine.
  • D’autre part on nous dit que certains poissons peuvent contenir de hautes concentrations de mercure, qui peut être dangereux pour la santé.

Ces informations sont correctes globalement mais imprécises et peuvent être mal interprétées ! D’autant qu’on retient plus facilement les mauvaises nouvelles... C’est pour ça que de plus en plus de gens ne veulent plus du tout manger de poissons gras ! Non seulement par peur des métaux lourds mais en plus pour ne pas prendre du poids : puisque ces poissons sont dits « gras », et que les articles comme celui-ci conseillent les poissons blancs pour maigrir. Sous-entendu : si on ne veut pas prendre de poids, il vaut mieux ne pas manger des poissons gras.

Sur la page de cet article, on peut aussi voir ceci en bannière :

Ce n’est qu’un exemple parmi bien d’autres…

Les effets les plus dévastateurs de l’excès d’informations « nutritionnelles » sont :

  • la perte de repères ;
  • l’apparition de troubles comme l’orthorexie, l’obsession de manger sainement. Avec (très) souvent un rejet des aliments réputés malsains (sans distinction entre les différents aliments) ;
  • parfois le développement de troubles alimentaires plus graves (restriction, anorexie…) si cette peur s’installe plus profondément ou évolue ;
  • des conflits familiaux si on n’est pas d’accord sur l’alimentation…
  • une anxiété liée à l’insécurité.

En bref, cette sur-information devient de la désinformation et on a tout à perdre, en particulier le plaisir de manger ce qu’on aime. Tout simplement. Sans se poser de questions.

Le métier de diététicien a changé : notre rôle consiste en grande partie à rassurer nos patients par rapport à l’alimentation.

Des patients en larmes pendant les consultations, j’en compte par dizaines. Des personnes perdues. Des personnes parfois sous traitement calmant. Des personnes qui pensent en permanence « je ne fais pas comme il faut ». Des personnes pour lesquelles l’alimentation devient une source supplémentaire de charge mentale. Des personnes qui – quand elles ne parviennent plus à contrôler cette parfaite alimentation – baissent les bras et plongent dans les excès inverses. Des personnes qui ne font plus confiance à personne, pas même à elles-mêmes ! Des personnes qui sont perdues, qui se sont perdues et ne s’écoutent plus.

Je nourris le rêve que les gens se réconcilient avec leur alimentation, leur confiance en leur capacité d’écouter leurs besoins et non les gourous de la « clean diet ».

Si vous vous retrouvez dans tout ceci, vous n’êtes pas seul(e). N’hésitez pas à consulter un(e) diététicien(ne) agréée qui peut vous aider à remettre de l’ordre dans ces méandres d’infos qui polluent vos têtes !

Prenez soin de vous, toujours.

Gisèle