Qu’est-ce que j’appelle un « conseil de merde » ?
Un conseil de merde est un conseil non sollicité, provenant d’une personne soit bien intentionnée, soit maladroite (et bien intentionnée), soit mal intentionnée, soit qui n’écoute pas activement ce que vous dites, soit centrée sur elle même. Soit le tout à la fois ;-)
J’ai utilisé pour la première fois cette expression lorsqu’un jour une patiente (appelons-la Lucia) me raconta ceci :
Je suis allée faire du shopping avec une amie l’autre jour, et je me suis trouvée horrible dans le miroir ! Je lui ai dit que j’avais plein de bourrelets, que je me sentais mal et qu’en plus j’avais tout le temps envie de grignoter. Elle m’a répondu qu’elle aussi trouvait qu’elle avait grossi et que quand elle a envie de grignoter elle se prépare plein de crudités (bâtons de carottes, concombre etc). Elle a ajouté que ça marche super bien et que je devrais essayer.
Biiiiip ! mon radar s’est allumé. J’avoue que comme j’avais entendu 3 témoignages de grossophobie sur 2 jours, j’avais le moral dans les chaussettes car je me disais qu’il y a encore du boulot à faire. D’où le qualificatif bien grossier de « conseil de merde » qui m’est sortir tout seul…
Je lui ai donc demandé : est-ce que vous trouvez que c’est un bon conseil ? Lucia me répond qu’elle pense que oui, puisque « les légumes n’apportent pas de calories » (mes oreilles saignent, mais je ne dis rien). Je lui demande alors quel est le moment de la journée elle a le plus envie de grignoter. Elle me dit que ça lui prend surtout au retour du boulot :
- Moi : « Est-ce que vous pensez que c’est parce que vous avez une petit faim, ou juste envie ? « .
- Lucia : « Euh… en fait, oui à cette heure-là en général j’ai quand même faim ! »
- Moi : « Et vous pensez qu’en mangeant des carottes votre faim va passer ? »
- Lucia : « Certainement pas ! j’ai déjà essayé et bon… ça cale un peu, enfin… c’est juste que ça permet de grignoter sans culpabilité mais quand le repas est prêt je crève de faim ! »
- Moi : « Peut-être que ça vaut la peine d’analyser ce que vous avez mangé à midi, puis de voir si on pourrait envisager une collation qui va vous satisfaire vraiment, vous en pensez quoi ? »
Lucia, les yeux ébahis, comprend que le problème ne vient pas d’elle (« pourquoi quand je mange des carottes j’ai encore envie de grignoter alors que ça marche pour ma copine ? ») mais bien d’un conseil qui ne lui convient pas, car il est inadapté à sa situation.
Des conseils comme ça, on en entend malheureusement tout le temps. Partout. De tout le monde. Si une parole bienveillante peut être constructive, un conseil peut vitre être déplacé ou même dévastateur.
Je ne donne pas de conseils. Même en consultation de suivi diététique ! J’écoute surtout, je guide, j’encourage, j’explique, je propose. Mais c’est cette nuance qui fait qu’une personne parvient peu à peu, au fil du temps à mieux se connaître. A se respecter, à respecter les signaux que son corps lui envoie (je suis fatigué, j’ai besoin d’énergie, j’ai faim, j’ai envie de quelque chose de doux, je suis bien merci…), à enlever l’énorme couvercle que représentent tous ces conseils reçus depuis sa tendre enfance et qui l’anesthésient en fait de ses propres ressentis.
Quels conseils inappropriés (je redeviens polie) avez-vous déjà reçus ?
Et vous, vous est-il arrivé de donner ce type de conseils ?
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