L’info vient de paraître : le Mexique interdit la vente (et l’offre) de boissons sucrées aux moins de 18 ans dans certaines régions. Une mesure choc qui vise à diminuer le taux d’obésité infantile dans ce pays où 1/3 des enfants est en surpoids ou obèse. En 2014 déjà, le Mexique avait instauré une taxe sur les boissons sucrées, et depuis le début 2020 les emballages des produits pré-emballés informent de manière plus précise sur les « qualités » nutritionnelles des produits, à l’image du Nutriscore.

Faudrait-il en arriver là dans notre pays ?

163 litres de boissons sucrées, c’est ce que boit en moyenne un Mexicain (selon le site du gouvernement mexicain, 24/07/20) chaque année… En Belgique, cette consommation annuelle par habitant est d’environ 55 litres (Enquête de consommation alimentaire belge 2014-2015) ! Difficile donc de comparer, même si… :

  • 3% des enfants de moins de 6 mois boivent des boissons sucrées dans l’état du Chiapas (Mexique). L’étude de consommation belge 2014 montre que les enfants belges de 3- 5 ans boivent quand même 84ml de boissons sucrées par jour en moyenne (ce qui équivaut à une mini canette). Et cette quantité augmente à plus de 1,5 litres par semaine dans la tranche 14-17 ans !
  • L’étude sur l’hydratation des enfants de 8-12 ans (2012) a montré que plus de la moitié des enfants interrogés boivent de l’eau moins de 2x/jour et quasi 10% des enfants disent ne jamais boire de l’eau. Au final, 90% des enfants n’atteignent pas les recommandations concernant la consommation d’eau… Ca fait réfléchir !
  • En Belgique, 19% des enfants sont en surpoids (et 5,8% sont en obésité) – selon l’enquête de santé 2018
  • Les publicités font un travail formidable pour embrouiller les pistes : bouteilles d’eaux aromatisées (sucrées) en mini format et illustrées de personnages sympa pour les enfants, allégations du type « pauvre en calories » ou « sans sucre ajoutés », images de paysages paradisiaques où on peut se désaltérer avec une boisson glacée, multiplication des produits d’une même marque mais ayant des compositions différentes…

Petits trucs pour bien choisir les boissons :

  1. La seule boisson indispensable est l’eau : plate ou pétillante peut importe mais de l’eau. Apprenez à vos enfants à boire de l’eau pure dès la petite enfance pour que ça devienne naturel. Tout comme avec le reste de l’alimentation, plus les habitudes sont prises tôt, plus elles ont de chances de durer.
  2. Si on n’aime pas l’eau nature, il y a des petits trucs sympa et faciles dont je parle dans un article précédent
  3. Une eau est par définition sans sucre, sans sucre ajouté et faible en calories. Si l’emballage le mentionne, ça veut dire qu’on y a ajouté quelque chose. Regardez la liste des ingrédients ;-)
  4. Ce n’est pas parce que la boisson n’est pas pétillante que ce n’est pas un « soda« . Souvent je remarque qu’il y a confusion et que certains se font avoir car ils se disent qu’un soda est pétillant. Je vous le disais, les publicitaires sont forts !
  5. Les boissons style Thé glacé « pauvre en calories » contiennent en fait beaucoup de sucre. Faites un calcul tout simple en regardant l’étiquetage : 1 carré de sucre = 5g (environ). Le thé glacé « green » bien connu contient 4,7g de glucides (sucres) pour 100ml. Mais une cannette contient 330ml et donc… 3,3 fois 4,7g de sucre = 15,51g de sucre par cannette, donc l’équivalent d’un peu plus de 3 sucres. On fait mieux comme boisson pauvre en calories et donc soit-disant bonne pour la santé. Et pour d’autres marques (dont une portant le nom d’un état américain), on en est au double ! Bref, ne vous faites pas avoir, un mini calcul et le tour est joué :-)
  6. Le lait et les jus de fruits ne sont pas des boissons : ils n’hydratent pas (sauf pour les bébés de moins de 6 mois pour qui le lait est la seule alimentation, et à qui d’ailleurs par grosses chaleurs on peut déjà proposer un peu d’eau surtout s’ils mangent déjà solide).

Que faire si un enfant réclame des boissons sucrées :

  • Décidez d’une fréquence acceptable. Par exemple : un petit verre le samedi soir. Cela vaut mieux qu’interdire totalement, car il risque alors de se ruer sur ces boissons quand il ira chez un copain, sa grand-mère etc.
  • Ne lui parlez pas de calories. Expliquez-lui que ces boissons contiennent beaucoup de sucre, qui donne des caries, et que ça empêche d’être bien hydraté. Que s’il boit une boisson avec du sucre il doit quand même boire un verre d’eau :-)
  • Ne vous rabattez pas forcément sur les boissons light ou zero. C’est vrai qu’elles ne contiennent pas de sucre du tout en général, mais elles donnent un goût sucré à la boisson. L’attrait pour une boisson « qui a un goût » va donc rester.
  • Buvez aussi de l’eau, puisque vous êtes son exemple :-) ou inventez des eaux aromatisées un peu fun.

En conclusion (et sans entrer dans des considérations politiques), il n’est pas nécessaire à mon sens qu’une telle interdiction soit appliquée ! Vous parents êtes les meilleurs juges de ce que vous donnez à manger et à boire à vos enfants, et chaque parent fait au mieux selon ses propres valeurs.

En revanche, j’ai déjà abordé le principe de partage des responsabilités parents – enfants : vous parents décidez ce que votre enfant mange/quand/où et comment, et votre enfant décide la quantité qu’il mange, selon ses besoins et sans restrictions. Bien entendu, il se peut qu’un enfant mange au-delà de ses besoins, ce qui peut être un motif de consultation en diététique pédiatrique (et/ou autres disciplines).

Sur ce, je vous laisse aller chercher votre gourde d’eau, c’est qu’il fait chaud !

(Article modifié le 12/08/20 suite à la lecture et aux commentaires bienveillants et éclairés de Marie-Josée Mozin, diététicienne de pédiatrie et surtout pionnière dans le métier en Belgique !)