« Allez, finis ton assiette, ou au moins ta viande ! ». Voilà le type de phrase qu’on a quasi tous entendu quand on était enfant, et qu’on se surprend peut-être à dire à nos propre progéniture.
Pour les moins chanceux d’entre nous, elle s’accompagnait d’une dose de culpabilité : « les petits pauvres seraient bien contents d’avoir ça à manger, alors on ne va pas gaspiller ! » Comme parents, tout ce qu’on veut c’est que nos enfants aient suffisamment à manger pour bien grandir et ne pas avoir de carences. On croit bien faire, et c’est tout à fait normal !
Le souci, c’est qu’en fin de compte on a appris à finir notre assiette, et non à écouter nos signaux de faim ou de rassasiement. On a en quelque sorte déprogrammé notre faculté naturelle à nous auto-réguler :
Un bébé pleure quand il a faim et s’arrête de pleurer quand on lui donne le sein/le biberon. Il commence à téter puis s’arrête au moment où son cerveau « comprend » qu’il a assez mangé : il a bu suffisamment de lait pour combler ses besoins en énergie pour ce repas. Cette faculté inconsciente reste à l’intérieur de nous en grandissant ! Sauf s’il y a déprogrammation.
Concrètement, si votre enfant ne veut pas finir son assiette :
- Est-ce qu’il a encore faim ? Il dit que non : ok tu peux arrêter de manger.
- Le chantage au dessert n’est pas la meilleure option (« si tu finis ou si tu manges encore un peu tu auras un dessert ») : le dessert est mis en valeur et l’enfant peut avoir tendance à focaliser là-dessus alors qu’il n’y avait même pas pensé !
- L’appétit d’un enfant peut très fort varier d’un jour à l’autre : c’est normal que certains jours il ne mange quasi rien. Et qu’il dévore le lendemain (ou pas) !
- Imaginons l’estomac d’un enfant : il est plus petit que le notre. C’est donc normal d’adapter ses portions dans l’assiette, même si ça nous paraît peu.
- Laisser dans son assiette ne veut pas dire gaspiller : on peut faire de très bons repas avec des restes.
- Comme l’estomac d’un enfant est plus petit que celui d’un adulte mais que ses besoins sont grands, c’est normal de fractionner son alimentation : il mange de plus petites quantités mais plus souvent.
- Manger plus souvent ne veut pas dire grignoter et les rythmes alimentaires ont leur importance : rappelez à votre enfant quel sera son prochain repas. Vous pouvez utiliser des horloges ludiques ou autre outil qui convient à votre enfant. Un enfant a besoin de 4 repas (et 1 collation si nécessaire) : petit-déjeuner, (10h : pour compléter le petit-déj), midi, goûter, soir.
- Les besoins en protéines d’un enfant sont largement couverts en général et le risque de carence est faible : son lait, le repas chaud ou un peu de charcuterie/de fromage et du pain à midi, le yaourt à 4h et même les pâtes !
Pour finir, avez-vous entendu parler du partage de responsabilités ? papa et maman (ou papy, mamy…) choisissent ce qu’il y a dans l’assiette et donnent un cadre, l’enfant décide de la quantité qu’il mange. Je reviendrai sur ce sujet dans un autre article !