« Allez, finis ton assiette, ou au moins ta viande ! ». Voilà le type de phrase qu’on a quasi tous entendu quand on était enfant, et qu’on se surprend peut-être à dire à nos propre progéniture.

Pour les moins chanceux d’entre nous, elle s’accompagnait d’une dose de culpabilité : « les petits pauvres seraient bien contents d’avoir ça à manger, alors on ne va pas gaspiller ! » Comme parents, tout ce qu’on veut c’est que nos enfants aient suffisamment à manger pour bien grandir et ne pas avoir de carences. On croit bien faire, et c’est tout à fait normal !

Le souci, c’est qu’en fin de compte on a appris à finir notre assiette, et non à écouter nos signaux de faim ou de rassasiement. On a en quelque sorte déprogrammé notre faculté naturelle à nous auto-réguler :

Un bébé pleure quand il a faim et s’arrête de pleurer quand on lui donne le sein/le biberon. Il commence à téter puis s’arrête au moment où son cerveau « comprend » qu’il a assez mangé : il a bu suffisamment de lait pour combler ses besoins en énergie pour ce repas. Cette faculté inconsciente reste à l’intérieur de nous en grandissant ! Sauf s’il y a déprogrammation.

Concrètement, si votre enfant ne veut pas finir son assiette :

  1. Est-ce qu’il a encore faim ? Il dit que non : ok tu peux arrêter de manger.
  2. Le chantage au dessert n’est pas la meilleure option (« si tu finis ou si tu manges encore un peu tu auras un dessert ») : le dessert est mis en valeur et l’enfant peut avoir tendance à focaliser là-dessus alors qu’il n’y avait même pas pensé !
  3. L’appétit d’un enfant peut très fort varier d’un jour à l’autre : c’est normal que certains jours il ne mange quasi rien. Et qu’il dévore le lendemain (ou pas) !
  4. Imaginons l’estomac d’un enfant : il est plus petit que le notre. C’est donc normal d’adapter ses portions dans l’assiette, même si ça nous paraît peu.
  5. Laisser dans son assiette ne veut pas dire gaspiller : on peut faire de très bons repas avec des restes.
  6. Comme l’estomac d’un enfant est plus petit que celui d’un adulte mais que ses besoins sont grands, c’est normal de fractionner son alimentation : il mange de plus petites quantités mais plus souvent.
  7. Manger plus souvent ne veut pas dire grignoter et les rythmes alimentaires ont leur importance : rappelez à votre enfant quel sera son prochain repas. Vous pouvez utiliser des horloges ludiques ou autre outil qui convient à votre enfant. Un enfant a besoin de 4 repas (et 1 collation si nécessaire) : petit-déjeuner, (10h : pour compléter le petit-déj), midi, goûter, soir.
  8. Les besoins en protéines d’un enfant sont largement couverts en général et le risque de carence est faible : son lait, le repas chaud ou un peu de charcuterie/de fromage et du pain à midi, le yaourt à 4h et même les pâtes !

Pour finir, avez-vous entendu parler du partage de responsabilités ? papa et maman (ou papy, mamy…) choisissent ce qu’il y a dans l’assiette et donnent un cadre, l’enfant décide de la quantité qu’il mange. Je reviendrai sur ce sujet dans un autre article !