Les enfants sont des éponges, à tous points de vue. Ils apprennent les langues en un claquement de doigt ou mémorisent une poésie en 5 minutes… mais ils n’oublient pas non plus les commentaires ou remarques qu’ils entendent au sujet de leur physique ou de leur poids.
Sans le vouloir, on peut parfois blesser un enfant en faisant une remarque qui peut paraître anodine. Et cela peut avoir un impact à long terme ! La majorité des patients qui viennent en consultation ont été marqués par des commentaires entendus il y a bien longtemps. Ils se sont en quelque sorte (re)programmés pour croire qu’ils sont gros, qu’ils ont de gros bras, qu’ils pèsent trop lourd, qu’ils prennent du poids parce qu’ils mangent du pain le matin, que « tout ce qui est bon fait grossir »… Et ils finissent perdus, apeurés et comme enfermés dans leurs croyances.
Est-ce que vous avez déjà ?
Mis en avant une particularité physique de votre enfant
« Tu as le physique de ta tante »
Si la tante est en surpoids important ou a des cuisses très musclées, l’enfant va irrémédiablement focaliser là-dessus. Et finir par être convaincu d’être lui-même en surpoids, ou penser qu’il a de « grosses cuisses ».
« Tu as encore ton ventre de bébé, tout rond »
Ce ventre risque de prendre toute l’attention de votre enfant, et pourrait devenir son complexe n°1…
➡️ Valorisez vos enfants sur autre chose que leur physique (humour, imagination…) et s’ils vous posent des questions, discutez simplement avec eux du fait qu’on est tous différents :-) Bien sûr, s’il votre enfant est vraiment mal dans sa peau et vous dit clairement qu’il voudrait par ex. « perdre ce ventre », n’hésitez pas à consulter le pédiatre/un diététicien pédiatrique mais en lui expliquant que c’est pour l’aider à se sentir mieux, sans focaliser sur son ventre.
Fait des remarques sur votre propre physique ou poids
« Je déteste mes fesses, elles sont énormes ! »
Vous êtes le modèle de votre enfant et à ses yeux vous êtes parfait(e). Si vous vous dénigrez, votre enfant peut commencer à se poser des questions sur ses propres perceptions : je trouve maman super belle mais elle dit qu’elle est moche. Donc est-ce que je me trompe ? Et est-ce que mon image à moi est correcte ?
« Je dois absolument faire régime, je ne me supporte plus ! »
Les enfants et ados imitent les parents, c’est normal. Ils peuvent donc s’approprier les remarques que vous faites à votre sujet. Sans compter le fait que cela puisse devenir la norme de « s’auto-critiquer »…
➡️ Même si vous êtes mal dans votre peau, ne le montrez pas à votre enfant. Tentez plutôt de vous focaliser sur ce que vous aimez en vous :-)
Commenté à voix haute ce que vous pensez du physique des autres
« T’as vu la voisine, comme elle a grossi ! »
Un enfant qui entend cela peut finir par se dire qu’on l’observe, lui aussi. Qu’on fait des commentaires sur son physique, qu’on le juge. Et/ou à son tour imitera l’adulte et jugera les autres par leur physique…
« Il m’énerve cet présentateur avec son corps de rêve… c’est pas juste, on n’est pas tous égaux quoi ! »
Si le présentateur est grand, musclé avec une superbe chevelure dorée mais que votre enfant est plutôt petit, maigrichon avec de belles boucles brunes que pourrait-il penser ? Que c’est « mieux » d’être grand, musclé et blond ! Voire même que vous auriez préféré qu’il soit comme ça.
➡️ N’hésitez pas à expliquer aux enfants que les photos publiées sont le plus souvent retouchées, que la perfection n’existe pas et surtout que le bonheur ne passe pas par l’apparence. S’il pose des questions sur une voisine qui a pris ou perdu du poids, dites-lui que vous avez vu mais sans insister. Il peut y avoir des tas de raisons à ce changement et elles n’appartiennent qu’à la voisine.
Catégorisé un aliment comme « mauvais » pour la santé ou le poids
« Ces biscuits sont plein de sucre et hypercaloriques ! »
« Je n’achète jamais de choco à tartiner, c’est vraiment de la crasse ! »
Dans les 2 cas de figure, ce que l’enfant verra en pensant à ces aliments sont des images négatives ! Mais se trouvera en même temps dans un paradoxe car peut-être qu’il adore ces biscuits ou ce choco… Avec le temps, il peut développer une restriction cognitive (« je ne mange pas ça car c’est mauvais pour moi, même si j’aime ça ») pouvant mener à des troubles du comportement alimentaire, un sentiment d’insécurité quand on lui propose ces aliments ou même de culpabilité. Bref, une obsession de type orthorexie (obsession de manger sainement) avec perte de plaisir.
➡️ Aucun aliment n’est « mauvais » en soi. Tout est dans la modération :-) Si votre enfant réclame des biscuits « hyper sucrés ou gras », vous pouvez lui proposer d’en acheter, en lui expliquant que vous ne lui en mettrez pas tous les jours pour le goûter mais que vous allez varier. Comme ça il ne va pas se lasser ;-) De même que s’il va chez un copain qui a du choco à tartiner, mettez en avant le côté positif (« chouette, c’était bon ? » – si ça se trouve il n’aura pas aimé !) et n’ayez pas peur, c’est juste une fois.
Si vous vous reconnaissez dans certains exemples, ne paniquez pas, vous n’êtes pas les seuls ! En tant que parent, grand-parent, famille ou amis on fait ce qu’on pense être bon pour ceux qu’on aime, et on agit souvent à l’instinct. Pas de raison de se culpabiliser donc !
Si vous vous sentez perdu ou impuissant vis-à-vis de l’alimentation de votre enfant, il existe des professionnels qui peuvent vous aider. N’hésitez pas à contacter votre pédiatre ou diététicien(ne) pédiatrique.
Prenez soin de vos enfants, et de vous aussi :-)
Gisèle