Souvent on confond allergie et intolérance alimentaire.

Je m’en rends compte car j’entends régulièrement mes patients ou amis me dire par exemple « Mon enfant est allergique au lactose », ce qui est impossible.

Quelle est donc la différence entre les 2 ?

L’intolérance…

…est un terme utilisé pour une grande variété de réponses physiologiques associées à certains aliments (ou un de leurs composants). Elle fait intervenir un mécanisme très différent de celui rencontré dans l’allergie alimentaire. Deux intolérances alimentaires fréquentes sont l’intolérance au lactose et l’intolérance au gluten (aussi appelée cœliaquie ou maladie coeliaque) :

  • L’intolérance au lactose est due à un déficit de lactase, l’enzyme qui permet de digérer le lactose qui est le « sucre du lait ». Les personnes intolérantes au lactose produisent trop peu de cette enzyme et le lactose restant tel quel dans l’intestin est utilisé par les bactéries intestinales pour la fermentation. Il y a production de gaz, ce qui donne les symptômes typiques : ballonnements, diarrhée… Uniquement des symptômes digestifs donc.

Pour éviter ces symptômes, il n’est pas nécessaire d’éliminer tous les aliments qui contiennent du lactose. Il suffit de bien les choisir et de jouer sur les quantités. Par exemple le yaourt est en général bien toléré car le lactose y est en partie déjà digéré par les bactéries lactiques. On peut aussi prendre du lait sans lactose ou même avoir recours aux gélules de lactase avant un cheese & wine ;-) Bon à savoir : l’intolérance au lactose peut être réversible !

  • L’intolérance au gluten – elle – est caractérisée par une activation anormale du système immunitaire. En résumé, le gluten « attaque » les cellules de l’intestin qui finissent par ne plus jouer plus leur rôle d’absorption comme il faut. Ce qui peut mener à des diarrhées, perte de poids, ballonnement abdominal, anémie… Les symptômes et même les lésions de l’intestin sont réversibles sous régime sans gluten. Dans l’enfance, le suivi strict du régime sans gluten est indispensable pour permettre une croissance normale. Ensuite, la tolérance s’améliore en général mais le régime sans gluten doit tout de même être poursuivi à vie. Si vous pensez souffrir de coeliaquie, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à contacter la Société Belge de la Coeliaquie qui pourra vous aiguiller.

Depuis quelques années on parle aussi de la sensibilité au gluten non coeliaque, une maladie encore mal définie dans la communauté médicale. Le diagnostic est en effet plus compliqué car il n’existe pas de tests, il se fait donc par tâtonnements en excluant les autres causes possibles des symptômes.

D’autres intolérances alimentaires existent, qui peuvent par exemple être liées à la consommation d’aliments riches en histamine (vieux fromages, poisson…) ou à une intolérance à  certains additifs alimentaires (par ex. sulfites dans le vin).

L’allergie alimentaire…

…fait intervenir des anticorps (Immunoglobulines IGE), libérés par notre organisme lorsqu’il entre en contact avec une substance étrangère : une protéine de l’aliment, l’allergène. 80% des allergies alimentaires chez les enfants sont constituées par l’allergie aux oeufs, aux protéines du lait de vache (et non au lactose qui n’est pas une protéine), au poisson, à l’arachide, aux fruits à coque.  Chez l’adulte, les allergies alimentaires sont principalement liées à des aliments d’origine végétale (fruits à coque, kiwi, banane…). Les symptômes de l’allergie alimentaire sont en général différents et plus graves que ceux de l’intolérance et dans les réactions graves peuvent même mener au choc anaphylactique.

Les allergies sont présentes chez 3-7% des enfants d’âge scolaire, et chez 2-3% des adultes. Il est évident que la prévalence des allergies augmente, mais les allergies alimentaires sont quand même surestimées car mal diagnostiquées.

Il existe aussi des allergies ne faisant pas intervenir les anticorps (allergie non IgE-médiée), mais contrairement  aux allergies faisant intervenir les anticorps, elles ne mettent pas la vie en danger.

Diagnostic

Que ce soit pour une intolérance ou une allergie, une prise de sang seule le suffit pas (jamais !) à poser un diagnostic.

Attention : Les prises de sang mesurant les taux d’IgG n’ont aucune valeur diagnostique des allergies alimentaires ! Pourtant, je reçois chaque année des dizaines de patients en possession d’un pseudo-diagnostic d’allergie posé sur base de ce test totalement infondé. Non seulement cette prise de sang est très chère, mais elle peut mener à l’élimination de 10-20-30 aliments auxquels les patients ne sont en réalité pas allergiques. Cela peut entrainer des peurs, des angoisses et bien sûr des carences d’autant plus graves s’il s’agit d ‘un enfant.

Que faire en cas de symptômes?

Consultez un médecin/pédiatre allergologue et un(e) diététicien(ne). Le médecin fera les tests diagnostiques adaptés et la diététicienne procédera par étapes afin de déterminer précisément les aliments pouvant être incriminés dans les symptômes.

Ce n’est que sur base d’un diagnostic validé et fiable qu’un régime éliminant l’un ou l’autre aliment sera mis en place.

Consulter un professionnel est essentiel à maintenir une alimentation la plus équilibrée et variée que possible et éviter les carences que certains régimes farfelus peuvent entrainer.

Pour plus d’informations :

Cet article a été revu et corrigé le 25/02/21.