« Mon enfant mangeait bien avant mais plus maintenant », « Mon enfant mange très peu, je m’inquiète pour sa croissance », « Mon enfant refuse de manger le matin »…
Vous vous reconnaissez dans certaines de ces situations ? Voici 10 raisons pour lesquelles un enfant peut refuser de manger, et quelques pistes de réflexion :
Il n'a pas faim
La clé = structurer les rythmes alimentaires !
Les enfants mangent trop souvent : petit-déjeuner, 10h, midi, collation de « la petite récré », goûter, soir… Et même s’il est normal de fractionner l’alimentation sur la journée pour apporter l’énergie et les nutriments nécessaires, si l’enfant mange trop souvent il est normal qu’il ne ressente pas la faim.
Chaque enfant a un appétit différent et une façon de manger qui lui convient, mais voici une répartition des repas idéale globalement :
- Petit-déjeuner
- Collation de milieu de matinée : uniquement si le petit-déjeuner n’était pas suffisant. En général, un fruit ou un produit laitier suffit. Un article futur sur le sujet sera plus détaillé !
- Repas de midi
- Minimum 2 heures avant le souper = le goûter : c’est un vrai repas tout au long de la croissance ! pas une simple collation donc, un vrai repas similaire au petit-déjeuner. S’il est pris moins de 2 heures avant le souper, adaptez simplement la composition de ce goûter pour qu’il soit suffisant pour « caler » votre enfant mais sans lui couper la faim pour le repas.
- Repas du soir
Il est en phase de croissance ralentie
Si on laisse un enfant écouter ses besoins, il est normal qu’il passe par des périodes où il mange comme un ogre (« il mange plus que son père ! ») et par d’autres où il mange comme un moineau. La croissance d’un enfant n’est pas linéaire, donc son appétit non plus.
Il n’y a pas lieu de paniquer si vous ne constatez aucune autre anomalie chez votre enfant : baisse importante du poids et/ou de la taille, maladie, réels refus alimentaires… Dès que son organisme en aura besoin, il recommencera à manger en plus grande quantité !
Il n'est pas bien installé à table
On y pense rarement, mais la position à table peut influencer la manière dont un enfant mange. Si la table est trop haute, s’il glisse sur sa chaise, s’il est embêté par des accoudoirs… c’est normal qu’il n’aie pas très envie de s’attarder à table. Et donc il risque de terminer son repas vite vite…
Les ergothérapeutes sensibilisent de plus en plus les parents sur ce sujet et donnent les conseils suivants :
- les pieds devaient être déposés à plat par terre ou sur un petit tabouret
- les genoux devraient être pliés à 90°
- la chaise devrait être suffisamment haute pour que les bras soient pliés à 90°
- il devrait y avoir 3cm entre les genoux et l’assise
Il est fatigué
Que ce soit au petit-déjeuner ou au souper, si un enfant est fatigué il aura moins envie de manger… Ce n’est pas toujours évident mais quelques petites adaptations peuvent être mises en place pour pallier cela :
- aller se coucher un peu plus tôt pour être plus en forme le matin
- se lever un peu plus tôt, pour avoir le temps de se réveiller et que l’appétit s’ouvre tranquillement. 10 minutes peuvent suffire !
- prendre le souper un peu plus tôt. Dans certains cas, je peux même conseiller de prendre une partie du souper au retour de l’école et de juste le compléter au moment du souper.
Il est découragé par la portion dans son assiette
Les parents ont parfois les yeux plus gros que le ventre de leur enfant ;-) Imaginez-vous devant une assiette qui déborde, vous pourrez avoir une petite idée de ce que votre enfant ressent parfois. Ca nous est arrivés à tous, oui oui même à une maman diététicienne ! Je rentre de consultation, je meurs de faim et au moment de servir les assiettes je sers inconsciemment une portion plus importante à mes filles. Elles me regardent alors, l’air apeuré : « je dois tout manger maman ? ». Voici quelques petits trucs :
- à partir de 4-5 ans, laissez votre enfant se servir lui-même. Proposez-lui de se servir une petite portion et de se resservir s’il a encore faim
- l’eau et la soupe : servez-les dans une verrine. Expérience vécue, grâce à ça mes filles boivent de l’eau et sont fières d’avoir « repris 3 fois de la soupe »
- servez une petite portion de chaque élément du repas : 2 bouquets de brocoli, 3 morceaux de poulet et 1 cuillère de riz. S’il a encore faim, votre enfant vous le dira.
Il se sent observé
« C’est bon ? tu as goûté ? Goûte, allez tu verras que tu vas aimer ! » Qui ne se sentirait pas un peu sous pression si quelqu’un était à côté de lui, l’encourageant à manger, le scrutant et commentant chaque bouchée ?
Cette pression que tout parent met parfois sur son enfant peut avoir l’effet inverse que celui recherché. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire car en tant que parent on veille à ce que nos enfants soient en bonne santé et donc soient bien nourris. Mais notre job comme parent c’est de choisir ce qu’on donne à manger à nos enfants, leur rôle est de manger la quantité dont ils ont besoin.
Souvent en consultation les retours des parents sont clairs : « on s’est rendu compte que quand on mange en discutant à 2 mon conjoint et moi sans faire attention à notre fils, il mange mieux ». Parfois ce n’est pas si simple mais enlever cette pression autour du repas est déjà une première étape.
Il sait qu'il recevra autre chose s'il ne mange pas
Les enfants sont intelligents. Très. Pas manipulateurs, non. Simplement intelligents : « Quand je refuse de manger, papa et maman finissent quand même par céder et me donner ce que je veux. Bon truc ça ! »
Pourquoi feraient-il l’effort de manger au repas dans une telle situation ? Vous n’auriez pas fait pareil vous (moi bien !) ?
2 cas de figure :
- il n’aime pas le repas : un enfant est capable d’apprendre à manger « de tout » et il ‘est pas question de lui préparer un menu personnalisé. Par contre, on peut apaiser les tensions en lui proposant d’office un aliment qu’il aime bien (sur la même assiette que le plat qu’il ne veut pas manger) et lui dire de goûter au moins 1 bouchée.
- il est obsédé par le dessert : très fréquent le sujet du dessert (qui sera bientôt abordé dans un article spécifique) ! Le dessert ne doit jamais être utilisé comme récompense ou motivation à manger. Il fait partie du repas, comme le reste. Pour enlever cette focalisation sur le dessert, je le mets à table en même temps que l’assiette. Si l’enfant le mange avant le reste, pas de souci et s’il a encore faim il mangera le reste, mais rien d’autre. Ce conseil est à adapter bien entendu, et on est d’accord que tous les repas ne doivent pas se composer du seul dessert ;-) Mais le point-clé à retenir est le suivant : le dessert n’est rien d’autre qu’une partie du repas. Pas meilleur, pas moins bon.
Il est distrait
La télévision à table ou en fond sonore, la tablette, le chien qui aboie, le bruit, les jouets sur la table… tout ce qui peut distraire l’enfant peut aussi l’empêcher de manger. Ces éléments perturbateurs peuvent aussi rallonger la durée du repas (vu la distraction ;-)), qui peut décourager un enfant qui n’aime pas rester assis trop longtemps.
Si c’est possible, tentez de faire du repas un moment calme. Un moment où on papote, où on échange. Ca peut aussi être un moment de jeu en famille : j’ai un mot, jouer à deviner les ingrédients, manger les yeux fermés… Pour jouer, mais en mangeant !
Le repas lui fait peur (il n'a jamais mangé ça !)
Pour certains enfants, surtout les petits vers 2-5 ans, la nouveauté peut faire peur. Cette néophobie est tout à fait normale et passe en général naturellement.
Pour rassurer votre enfant vous pouvez :
- bien sûr, vous-même manger le même plat
- lui servir l’assiette en étant convaincu. S’il sent que vous doutez qu’il va aimer, les chances qu’il refuse ce nouveau plat sont plus grandes ;-)
- servir le plat/l’aliment avec un accessoire connu : une chouette fourchette, un joli verre…
- lui proposer de goûter mais qu’il n’est pas obligé de tout manger
Il est malade
Quand on est malade on a naturellement moins faim. C’est que manger demande de l’énergie à l’organisme ! Si votre enfant est malade et mange très peu, il n’y a pas de raison de s’inquiéter car en général les enfants se rétablissent très vite. Ce qu’il n’a pas eu comme calories pendant qu’il est malade, il le récupère en général après ! Si votre enfant est malade, veillez tout de même à ce qu’il soit bien hydraté (eau, bouillons ou potages légers, peu ou pas salés selon l’âge, aliments riches en eau, jus très très dilués… ou solutions de réhydratation si nécessaire).
Si votre enfant semble fort déshydraté (urines foncées, peau sèche…) ou que vous vous inquiétez par sa perte de poids, contactez votre pédiatre qui pourra évaluer la situation.
Si vous avez d’autres questions plus spécifiques concernant l’alimentation de votre enfant, n’hésitez pas à me contacter ! Parfois quand le sujet est abordé par quelqu’un d’autre que papa ou maman, le message passe plus facilement…
Vous voulez que j’aborde d’autres sujets ? N’hésitez pas à m’envoyer un email (info@dietitude.be) !