L’alimentation est de plus en plus au centre de nos préoccupations, et nombreuses sont les émissions télévisées ou en radio qui en parlent, et qui diffusent des reportages ou interviews sur différents sujets s’y rapportant.

Mais rares sont celles qui permettent réellement de faire la part des choses par rapport aux professionnels de l’alimentation. Voici donc un résumé des différents titres :

1. Diététicien(ne) :

Le titre de diététicien(ne) est obtenu au terme d’un cursus de trois ans (à temps plein). Il s’agit d’un baccalauréat répondant aux exigences de l’arrêté royal du 19 février 1997 qui définit le programmes des cours et des stages nécessaires à l’obtention du titre de diététicien.

Le diététicien qui souhaite exercer en Belgique, doit obligatoirement être porteur d’un numéro de visa, octroyé par le SPF Santé publique (ministère fédéral de la santé). Ce numéro de visa constitue la garantie que le diététicien est bien porteur d’un agrément validé par ce ministère. L’avantage de cet agrément pour les patients est une garantie de qualité du professionnel, obtenue notamment par la protection du titre de diététicien et l’obligation pour tout diététicien de suivre une formation continue.

Depuis le 1er septembre 2011, seuls les détenteurs de l’agrément peuvent exercer le métier de diététicien. Notons aussi que seules les consultations avec un(e) diététicien(ne) agréé(e) ou  un médecin/médecin-nutritionniste sont remboursées par les mutuelles.

La formation en diététique est une formation approfondie de la connaissance des aliments, de la physiologie et de la physiopathologie de la nutrition. Elle comprend des cours théoriques très poussés sur la composition des aliments, les maladies liées à l’alimentation et leur prise en charge etc. et différents stages (cours de cuisine chaque semaine, TP de prise en charge diététique, puis stages à l’hôpital, en industrie, en laboratoire de recherche, en centre médical…).

L’Union professionnelle des diététiciens de langue française (avec l’Union flamande, la VBVD) a depuis peu obtenu du SPF Santé Publique le droit pour tous les diététiciens d’avoir le titre de diététiciens-nutritionnistes.

2. Nutritionniste :

Le titre de nutritionniste n’est pas protégé, ce qui est source de confusion auprès du grand public. En réalité, les seules personnes pouvant prétendre au titre de nutritionniste sont :

  • Les médecins qui ont suivi une formation complémentaire en nutrition. Le travail en binôme diététicien et médecin nutritionniste peut être utile dans certaines situations médicales telles le suivi après chirurgie bariatrique, le diabète, l’anorexie… Dans tous les cas, le diététicien travaille en collaboration plus ou moins étroite avec le médecin du patient, qu’il soit nutritionniste ou non.
  • Les personnes ayant suivi le Master en Sciences biomédicales – orientation nutrition humaine. La formation en Nutrition (Master) est une formation très complète et poussée, qui englobe toutes les notions de nutrition : la (bio-)chimie, la physique, la physiologie, la microbiologie, l’anatomie… sans oublier évidemment les cours les plus importants de diététique générale, pédiatrique, toxicologie etc. ainsi que l’apprentissage très poussé de la la rigueur et la critique scientifique. Ce Master est une formation universitaire de 4 ans. Elle comprend des cours théoriques ainsi qu’une année quasi complète de stage (en général en laboratoire de recherche). Le Master en Nutrition seul ne permet pas d’ouvrir un cabinet de consultation puisqu’il ne répond pas aux exigences de l’Arrêté Royal du 19/02/1997. En général, les étudiants ayant terminé cette filière se lancent plutôt dans la recherche (fondamentale ou non) en nutrition.
  • Les personnes qui ont d’abord obtenu un diplôme en diététique (bachelier) et qui désirent pousser plus loin les connaissances du côté scientifique de la nutrition et qui poursuivent en faisant le Master en Sciences Biomédicales – Orientation Nutrition Humaine. Ces personnes-là sont donc évidemment diététiciennes et nutritionnistes (même si pour rappel, tous les diététiciens peuvent à présent être qualifiés de diététiciens-nutritionnistes).

3. Nutrithérapeute :

Sur le site de formation en nutrithérapie on peut lire que « la nutrithérapie est  une discipline qui parle au corps son propre langage, avec des molécules qui le composent (acides aminés, acides gras, vitamines, minéraux…) et qui lui permettent de fonctionner et des molécules proches, issues de la biochimie végétale ». Le site officiel pense même à définir un diététicien, un médecin nutritionniste et un nutrithérapeute, et donne du diététicien et du nutritionniste une définition malheureusement quelque peu limitée. La formation complète comprend 12 modules de 2 jours (dans le centre de formation à Namur). Cette formation et les diverses conférences proposées sont ouvertes à tous, qu’ils soient de formation scientifique de base ou non. Les nutrithérapeutes ont régulièrement recours aux compléments alimentaires (souvent inutiles), source de coûts supplémentaires. La site du CFNA mentionne qu’il « est important de privilégier la relation de complémentarité entre la profession de nutrithérapeute et celle de diététicien », ce qui n’est bien entendu pas à contester. Quelques diététiciens font d’ailleurs le choix de suivre cette formation non officielle après leur diplôme de diététique. Cependant, il est à noter que les nutrithérapeutes ne possèdent pas d’agrément (numéro de visa octroyé par le ministère fédéral de la santé) contrairement aux diététiciens dont le champ d’action est réglementé. Leurs prestations ne sont donc pas remboursées par les mutuelles ou les assurances.

Note ajoutée le 19/10/21 : le 12/10/21 j’ai été contactée par une personne ayant suivi la formation de nutrithérapie au CFNA, qui m’a reproché le caractère catégorique de mon article et le fait de mettre au premier plan la profession de diététicien. Nous avons pu avoir par la suite eu une conversation constructive lors de laquelle nous sommes venues à la conclusion suivante :

  • mon article n’est que factuel et non calomnieux.
  • les diététiciens sont souvent dépeints comme de simples prescripteurs de régime amaigrissant, ce qui est loin d’être le cas.
  • il est vrai que comme dans tous métiers, un diplôme n’est pas synonyme de qualité. Cependant et comme je l’indique dans ma conclusion, nous tous (quelle que soit notre profession) qui travaillons au service de la santé mettons en garde la population en ce qui concerne certains charlatans non scrupuleux, qui donnent des conseils standardisés, qui conseillent la prise de compléments à tout va, qui prônent l’élimination de tel ou tel aliment sans prescription médicale justifiée etc. Certaines pratiques sont dangereuses, tout simplement. Ceci a d’ailleurs été mis en avant par l’arrestation d’un naturopathe ayant provoqué le décès de 2 patients (voir ci-dessous).

4. Naturopathe :

Selon l’Union des Naturopathes de Belgique, la naturopathie est complémentaire à la médecine conventionnelle. La formation se fait en 2 cycles : Conseiller en hygiène vitale (la formation peut s’arrêter là) et puis praticien de santé-Naturopathe. Elle coûte cher, plus de 4x le prix d’un minerval à l’université ! La formation ne comprend qu’une très minime partie dédiée à la nutrition, appelée « Nutrition et diètes ». Elle est en effet principalement composée de formations de type iridologie, hydrothérapie, oligothérapie, apithérapie etc.  Aucun des enseignants n’est diététicien(ne) ni médecin. De plus, le titre de naturopathe n’est pas reconnu par l’Etat, la pratique n’est donc encadrée par aucune autorité (voir article RTBF). Les naturopathes ne possèdent pas d’agrément (numéro de visa octroyé par le ministère fédéral de la santé), leurs prestations ne sont donc pas remboursées par les mutuelles ou les assurances. Un naturopathe vient d’ailleurs (article du 16/10/21) d’être condamné par la justice suite au décès de 2 de ses patients.

Conclusion :

Ne vous laissez pas embobiner par les nouvelles tendances à la mode, prônant le retour au naturel, à l’auto-guérison ou auto-prise en charge… Tout n’est pas mauvais ni dangereux évidemment mais lorsque vous vous posez des questions sur votre alimentation, il est indispensable de réfléchir à deux fois aux conseils reçus. En particulier ceux qui recommandent d’éliminer l’un ou l’autre aliment/groupe d’aliments ou qui prescrivent la prise de compléments alimentaires sans raison.

Lire aussi l’article publié sur le site officiel des diététiciens de langue française, et celui publié par la RTBF.

La liste des diététiciens agréés par le SPF Santé Publique se trouve sur le site du SPF Santé Publique, sous « Où trouver la liste des personnes autorisées à exercer la profession ? »

NOTE IMPORTANTE : ce que j’indique ci-dessus est valable en Belgique. En France, la diplôme de diététique est un BTS en 2 ans (et non 3 comme en Belgique), reconnu par l’Etat. Les consultations de diététique ne sont pas encore remboursées là-bas.